• La page blanche, Boulet et Pénélope Bagieu

     

     

    « Je pleurais… Je venais chercher quelque chose ? Rencontrer quelqu'un . … Pourquoi hier ?

    Je suis QUI, moi ? »

    Une jeune femme se réveille dans Paris.

    Elle ne se souvient ni de son nom, ni de ce qui l'a amenée là.

    Son passé a disparu.

     

    (Quatrième de couverture)

     

    Une jeune femme reprend ses esprits sur un banc sans se rappeler ni son nom ni ce qu'elle fait là.

    Menant l'enquête tant bien que mal, elle tente de retrouver la mémoire et son identité.

    Mais que va-t-elle découvrir ? Un passé romanesque fait de drames et de romances ou l'existence banale d'une femme ordinaire ? Et dans ce cas, saura-t-elle devenir quelqu'un après avoir été quelconque ?

    (Résumé du site Fnac) 

     

      

     

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     Scénario : Boulet

     

    Dessinatrice : Pénélope Bagieu

     

     

    Editions Delcourt - Collection Mirages

     

    Paru en janvier 2012

     

    205 pages.

     

     

     

     

     

      

     

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    Que dire ? J'ai repéré cette bande-dessinée à la Fnac vers la rentrée (scolaire) et j'ai immédiatement eu envie de la lire. Je l'ai pourtant fait quatre mois plus tard, et on peut dire que je n'ai pas été déçue.

    La page blanche suit l'histoire d'une jeune femme, ses pérégrinations dans Paris, toujours à la recherche de son passé et de son identité qu'elle a oubliés. Les premières pages sont très esthétiques voire poétiques, puis au fur et à mesure, l'histoire devient de plus en plus complexe et profonde. Il y a certains passages comiques, et j'ai trouvé l'ensemble habilement dosé.

    On a déjà vu de nombreuses histoires relatant les voyages de personnages amnésiques, à la recherche de leur passé. C'est loin d'être nouveau. Cependant, ici cette idée est traitée vraiment différement de ce à quoi on est habitués. Car La page blanche, c'est avant tout une réflexion sur l'identité et l'affirmation de soit par rapport aux autres. L'amnésie d'Eloïse n'a pas un but narratif, mais un but quasi-symbolique ; car ce n'est pas dans le passé qu'elle trouvera des réponses. (Ça vous intrigue ? C'est le but :p)

    Autre originalité du livre ; l'héroïne (déjà est une héroïne) n'est pas une adolescente, mais bien une adulte, rangée, responsable, etc. Ça m'a semblé vouloir dire beaucoup plus que si ç'avait été une adolescente — cela dit au passage que le questionnement sur l'identité nous touche tous, quel que soit l'âge.

    Pour ma part, j'ai été très sensible au message transmis, puisqu'il s'agit d'une réflexion qui m'a (quasi) tourmentée durant une période de mon adolescence. Mais en dehors de cela, l'histoire est extrêmement bien construite. Il y a beaucoup d'implicite, et de détails qui veulent dire beaucoup. Je connais mal Pénélope Bagieu, mais j'ai bien aimé son dessin, simple, sans fioritures et réel, convenant bien aux situations et aux personnages, qui sont -fondamentalement- des gens comme les autres. On sent vraiment un style et une atmosphère créée, une ambiance. Les dessins des rues de Paris et la précision, au fait, m'ont carrément impressionnée. (Par exemple, dans le deuxième chapitre, l'héroïne prend le métro ligne 8, qui a exactement le même design - même couleurs ! - qu'en vrai xD — En revanche, il y a une petite erreur : au tout début, Eloïse est censée se trouver à Montgallet (quartier qu'il m'est arrivé de fréquenter xD), et en arrière-plan sont dessinés des immeubles hausmanniens. Hors c'est justement un des rares quartiers du XIIème arrondissement où il n'y en a pas (à la place il y a des barres d'immeubles style cité, c'est très charmant). Mais c'est pardonnable, en plus l'entrée du métro a été dessinée exactement comme elle est en vrai xD — J'ai terminé ma réflexion inutile de parisienne.)

    J'ai trouvé que La page blanche est une histoire très complexe et pleine de sens, magnifiquement illustrée. Elle fera écho, je pense, à toutes les personnes qui se sont déjà posées des questions sur leur identité, et leur identité confronté aux autres, en société. L'avant-dernière phrase, je crois, exprime explicitement cela, et rien que pour cette phrase je trouve que cela vaut le coup de le lire. J'ai donc adoré ce livre, et j'ai même été incapable de le lâcher avant de savoir le fin mot de l'histoire x) Je le conseille donc à tout ceux qui se sont déjà posé ces questions sur la quête d'identité (et aux autres aussi mais ce n'est donc pas sûr que vous soyez sensibles aux messages sous-jacents).  Le meilleur résumé, pour moi, ce sont les premières pages, disponibles sur le site de Boulet iciPour vous donner une idée…

    En espérant que vous apprécierez ;)

      

     

    La page blanche, Boulet et Pénélope Bagieu

     


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  • Ayant fini le tome 18 récemment, il fallait absolument que je vous parle de Fushigi Yugi ici.

     

     

    Fushigi Yugi, Yuu Watase

     

     

    Résumé

     

    Miaka a quinze ans. Soumise au stress des examens - car sa mère souhaiterait la voir entrer au prestigieux lycée Jônan, elle étudit sans relâche. Un jour, elle se rend à la bibliothèque avec son amie Yui, et trouve un vieux livre qui porte le nom des "Ecrits des Quatre Dieux du Ciel et de la Terre". Miaka et Yui se retrouvent aspirées dans le monde du livre, au pays du Konan, où elles sont sauvées par un jeune homme appelé Tamahomé. Puis elles retournent dans le monde réel, et s'éloignent du livre.

    Mais Miaka, qui ne peut plus supporter la pression de sa mère, décide de retourner dans le monde des Ecrits où elle est accueillie comme la Prêtresse de Suzaku, dieu protecteur du Konan. Son rôle est de retrouver sept personnes  surnommées "étoiles de Suzaku", dont Tamahomé fait partie, afin d'invoquer le dieu protecteur pour qu'il exauce trois de ses souhaits.

    Miaka accepte, espérant demander à Suzaku de la faire réussir ses examens. Mais Yui, qui retourne également dans le monde du livre, est désignée comme la Prêtresse de Seïryu, dieu protecteur du pays du Kuto - pays ennemi du Konan. Les deux amies doivent s'affronter, et trouver le plus rapidement possible les étoiles, afin d'invoquer les dieux protecteur ...



    Auteur : Yuu Watase

    Publication : 1992 -1996

    Volumes :  les 13 premiers tomes racontent l'histoire "originale",

    les tomes 14 à 18 sont une sorte de suite, une sorte de "que sont-ils devenus" x)

    Un anime est sorti, mais je ne l'ai pas vu.

    Genre : Shôjô, où se mélangent drame, romance, action et fantasy. Magistral.


     

    Fushigi Yugi, Yuu Watase

     


    Mon avis


     

    Fushigi Yugi est de loin le meilleur shôjô que j'ai lu.

    Malheureusement, il commence à être vieux, et peu de gens essayent maintenant de le lire. Mais quel gâchis. Quand on sait le niveau lamentable des shôjôs qui voient le jour aujourd'hui ...



    Fushigi Yugi est juste génialissime. C'est certainement lié au fait que Yuu Watase n'aime pas tant que ça le shôjô. Dans ses commentaires, elle disait notamment se « forcer à dessiner un peu plus shôjô » que ce qu'elle ferait naturellement. Mais l'histoire, par moment, se rapproche du shônen, et c'est ce qui la rend véritablement unique en son genre. C'est le seul shôjô que je connaisse à évoluer dans un univers fantasy, inspiré qui plus est de la Chine antique. En plus de cela, Yuu Watase ne néglige aucun détail de l'univers qu'elle a créé, tout est précisement construit et maîtrisé. Je pense que c'est aussi une des premières auteures à avoir fait autant de recherches, car l'histoire des Ecrits est inspirée de véritables légendes, et l'univers des Ecrits se veut ressemblant le plus possible à la Chine ancienne. Mais Fushigi Yugi, c'est aussi des personnages peu ordinaires dans les mangas qui sont vraiment recherchés et ne tombent pas dans la facilité, tout en restant terriblement attachants.



    Ce qui est incroyable dans ce manga, c'est qu'on peut vraiment lire entre les lignes et comprendre que l'histoire est bien plus profonde qu'elle ne le parait. En lisant les premiers tomes, je n'en étais pas sûre, mais cette impression s'est confirmée par la suite : l'histoire du manga évolue en même temps que son héroïne, Miaka. Je m'explique.

    Miaka, au début du manga, est parfaitement naïve, candide et ne pense qu'à ses examens. L'histoire, au début, est légère et comique. Seulement, dans le monde du livre, elle va vivre des choses vraiment difficiles, prendre des coups, et ces « coups », qui la font mûrir et réfléchir, font prendre au manga une certaine maturité. C'est comme si l'histoire était montrée du point de vue de Miaka, et qu'au fur et à mesure qu'elle grandit, l'histoire est montrée d'une autre manière, plus complexe, moins drôle, plus tragique...

    Ce ne sont vraiment pas des blagues. On peut vraiment lire entre les lignes des choses complexes. La symbolique du livre, par exemple, est très forte : Miaka cherche à s'évader d'une réalité trop oppressante, et c'est dans le monde des Ecrits qu'elle réussit cela, comme on lit un livre pour s'évader, livre qui parfois nous ouvre véritablement à un autre « monde » ... Elle devient en quelque sorte l'héroïne du livre, comme on s'identifie parfois aux héros. Il y a plein de choses comme cela à comprendre dans Fushigi Yugi, et on pourrait passer longtemps à disserter dessus.



    Mais même en dehors de ce côté profond et complexe de l'histoire, l'histoire de Fushigi Yugi est prenante, entraînante et à l'humour excellent. Mention spéciale à la traduction française, qui a très bien adapté les blagues et les situations, si bien qu'on croirait vraiment que c'est écrit par des français. On rit vraiment dans ce manga, et souvent les situations comiques sont bousculées par des éléments tragiques, parfois violemment, lié au fait comme je l'ai dit que l'histoire est vue de l'oeil de Miaka, un peu trop naïve.



    En ce qui concerne mon avis strictement personnel, l'univers des Ecrits m'a beaucoup plu, ainsi que les personnages, « méchants » comme « gentils » (cela dit cette frontière devient de plus en plus mince à la fin de l'histoire, ce qui fait méditer). A partir du tome 7 ou 8 (j'ai oublié), l'histoire prend un ENORME coup en maturité, et à partir de ce moment-là, je n'ai pas décroché jusqu'au tome 13. J'étais totalement à fond dedans. J'étais triste et heureuse avec les personnages, surtout avec Suboshi, pour qui je ne pouvais m'empêcher d'avoir de la compassion... xD C'est aussi à ce moment que Miaka évolue vraiment, devient moins naïve, l'histoire devient vraiment complexe, philosophique presque, il se passe des tas de choses qui font réfléchir. Les premiers tomes sont très bien aussi, mais sont plus comiques, un peu plus légers, c'est différent mais par forcément moins bien.



    La seule chose que j'aurais à reprocher à Fushigi Yugi, c'est sa deuxième partie (du tome 14 à 18). La véritable histoire s'arrête à tome 13, le reste est une sorte de suite mais qui n'a pas beaucoup d'intérêt, qui démarre très mal ; seuls les tomes 17 et 18 ont en fait un certain intérêt, et c'est seulement à la fin qu'on comprend le « but » de la deuxième partie ... Bref, c'est pas terrible. L'histoire aurait dû se finir au tome 13, le reste est trop différent, pas assez bien comparé à la première partie, même si on voit à la fin qu'il y avait tout de même une sorte de message. En fait, on a un peu l'impression que ce sont deux mangas différents, le deuxième étant vraiment moins réussi.



    Pour conclure, Fushigi Yugi (la première partie) est un excellent manga, un shôjô atypique, très complexe, profond, aux personnages cherchés et qui mériteraient tous d'être encore plus développés. C'est un manga tantôt très drôle, tantôt tragique, tantôt romantique, tantôt grave. Je le conseille aux filles comme aux garçons, et en particulier à celles et ceux qui sont dégoûté(e)s du shôjô. C'est un manga vieux mais qui ne doit pas tomber dans l'oubli.

     

     

    Fushigi Yugi, Yuu Watase


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