• J'ai apprécié, pour des raisons bien particulières, Un roi sans divertissement. J'ai trouvé incroyable la manière qu'a Giono de créer une atmosphère très étrange et troublante. Il y a plusieurs passages que j'ai apprécié, et j'aimerais vous en présenter deux « particulièrement » comiques, qui témoignent aussi de la maîtrise des mots qu'a cet écrivain. J'adhère et j'envie. Bref. Ces deux passages sont situés autour de l'épisode de la visite chez la brodeuse, lorsque Saucisse est la narratrice. Ils ne sont pas représentatifs du reste du livre, mais j'aimerais les partager avec vous.

     

    Citations    ~Un roi sans divertissement

     

    «  Et, ajouta-t-elle, je ne suis pas sentimentale, pas comme une grisette en tous cas; mes sentiments, s'ils sont impérieux, ont une voix assez sauvage; j'aurais pu voir des doigts usés et des yeux rougis sans cesser d'être parfaitement indifférente. Je sais combien il est facile d'avoir les doigts usés et les yeux rougis et néanmoins ne pas valoir un liard. Et c'est même souvent parce qu'on ne vaut pas un liard qu'on a les doigts usés et les yeux rougis. Mais, ce que je vis, surtout dans cette femme, c'est le halètement de biche poursuivie qui se calmait peu à peu à mesure que je parlais, à mesure que je m'intéressais à son travail, à mesure que j'arrivais peu à peu à la persuader que c'était bien pour lui commander du travail que j'étais entrée chez elle.

    J'avoue que je sacrifierais volontiers ma vie pour rassurer une biche ou pour rassurer un léopard. J'aime rassurer.   »

     

     

    «  C'est à table que, pour la première fois de ma vie, j'ai vu un visage souffreteux à Langlois. Et savez-vous pour quoi faire ? Pour nous dire cette chose idiote :

    —  Est-ce que vous n'auriez pas besoin d'une bonne brodeuse ? (Et il ajouta, mais alors bête comme une oie :) Elle fait de la dentelle aussi. Il y a dans ce village une femme, très forte …

    Pauvre Langlois ! À Mme Tim et à moi ! Qui savions nos leçons sur le bout du doigt ! Nous avons eu aussitôt la même voix étonnée, ravie pour dire :

    —  Mais si ! à croire que, sans brodeuse, notre vie avait été jusqu'ici un phénomène de cirque.

    Et je regardais Mme Tim : candide comme une première communiante. Je devrais être pareille. Peut-être même mieux.   »

     


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  •  

    « Le théâtre présente une salle de marronniers, dans un parc. »

     


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  • « La douleur infinie de celui qui reste
    Comme un pâle reflet de l'infini voyage
    Qui attend celui qui part. »


    Pierre Bottero




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  • Bonjour ! 

    Cet été, j'ai dû lire pour les cours Le Spleen de Paris de Baudelaire. Il n'y a pas grand chose à dire sur le recueil en lui-même, personnellement je ne m'attendais pas du tout à ce genre de textes, et même si c'était novateur à l'époque à cause de la forme, on a du mal à en cerner l'intérêt dans le contenu. Cependant, j'ai trouvé quelques passages intéressants, drôles ou joliment formulés, dont j'aimerais vous faire part. (Surtout le premier ;D)

    [ Quand je dis "intéressant", cela ne veut pas forcément dire que j'apprécis beaucoup ou que je trouve cela vrai. C'est juste... intéressant :)  ]

    C'est parti !



     « — Ah ! misérable chien, si je vous avais offert un paquet d'excréments, vous l'auriez flairé avec délices et peut-être dévoré. Ainsi, vous-même, indigne compagnon de ma triste vie, vous ressemblez au public, à qui il ne faut jamais présenter des parfums délicats qui l'exaspèrent, mais des ordures soigneusement choisies ! »

    VIII, Le chien et le flacon



    « « Ce grand malheur de ne pouvoir être seul !... » dit quelque part La Bruyère, comme pour faire honte à tous ceux qui courent s'oublier dans la foule, craignant sans doute de ne pouvoir se supporter eux-mêmes.

    « Presque tous nos malheurs nous viennent de n'avoir pas su rester dans notre chambre », dit un autre sage, Pascal, je crois, rappelant ainsi dans la cellule du recueillement tous ces affolés qui cherchent le bonheur dans le mouvement et dans une prostitution que je pourrais appeler fraternitaire, si je voulais parler la belle langue de mon siècle. »

    XXIII, La solitude


     



    Pourquoi contraindre mon corps à changer de place, puisque mon âme voyage si lestement ? Et à quoi bon exécuter des projets, puisque le projet est en lui-même une jouissance suffisante ? »

     XXIV, Les projets




    « Et puis surtout il y a une sorte de plaisir mystérieux et aristocratique pour celui qui n'a plus ni curiosité ni ambition, à contempler, couché dans le belvédère, ou accoudé sur le môle, tous ces mouvements de ceux qui partent et de ceux qui reviennent, de ceux qui ont encore la force de vouloir, le désir de voyager ou de s'enrichir. »

    XLI, Le port


     

     


    « Ensuite on fit apporter de nouvelles bouteilles, pour tuer le Temps qui a la vie si dure, et accélérer la Vie qui coule si lentement. »

    XLII, Portraits de maîtresses




    « Allez-vous bientôt manger votre soupe, bougre de marchand de nuages ! »

    XLIV, La soupe et les nuages


     



    Katsuko : Moi, je n'ai pas de livres à lire l'été, mais je dois lire les Petits poèmes en prose (ça et le Spleen de Paris, c'est la même chose ^^) pour octobre. Je n'ai pas commencé (j'ai pas le bouquin en fait x)), mais je connais quelques uns des poèmes. Du coup, je profite de l'article d'Elda pour vous montrer les passages qui me semblent intéressant, même si bon, je suis pas super fan de Baudelaire . Bien entendu je ne remettrai pas les passages déjà cités, bien que je les trouve intéressants également.

    Let's go !

     

     

    « Fleur incomparable, tulipe retrouvée, allégorique dahlia, c'est là, n'est-ce pas, dans ce beau pays si calme et si rêveur, qu'il faudrait aller vivre et fleurir ? »

    XVII, L'Invitation au voyage


    « Elle s'avance ainsi, harmonieusement, heureuse de vire et souriant d'un blanc sourire, comme si elle apercevait au loin dans l'espace un miroir reflétant sa beauté. »

    XXV, La Belle Dorothée


    « Quand je mordille tes cheveux élastiques et rebelles, il me semble que je mange des souvenirs. »

    XVII, Un Hémisphère dans une chevelure

     


      


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  • Je vous fait part ici d'un poème. C'est peut-être un peu long pour une première citation, mais il s'agit sans doute de mon poème préféré et j'ai trouvé important de vous le faire partager.

    Je mettrais des citations plus courtes une prochaine fois, pas de panique ;) (j'en ai des tonnes en réserve, j'aime beaucoup ça 8D)

     

     

     




     Rappelle-toi Barbara
    Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
    Et tu marchais souriante
    É panouie ravie ruisselante
    Sous la pluie
    Rappelle-toi Barbara
    Il pleuvait sans cesse sur Brest
    Et je t'ai croisée rue de Siam
    Tu souriais
    Et moi je souriais de même
    Rappelle-toi Barbara
    Toi que je ne connaissais pas
    Toi qui ne me connaissais pas
    Rappelle-toi
    Rappelle-toi quand même ce jour-là
    N'oublie pas
    Un homme sous un porche s'abritait
    Et il a crié ton nom
    Barbara
    Et tu as couru vers lui sous la pluie
    Ruisselante ravie épanouie
    Et tu t'es jetée dans ses bras
    Rappelle-toi cela Barbara
    Et ne m'en veux pas si je te tutoie
    Je dis tu à tous ceux que j'aime
    Même si je ne les ai vus qu'une seule fois
    Je dis tu à tous ceux qui s'aiment
    Même si je ne les connais pas
    Rappelle-toi Barbara
    N'oublie pas
    Cette pluie sage et heureuse
    Sur ton visage heureux
    Sur cette ville heureuse
    Cette pluie sur la mer
    Sur l'arsenal
    Sur le bateau d'Ouessant
    Oh Barbara
    Quelle connerie la guerre
    Qu'es-tu devenue maintenant
    Sous cette pluie de fer
    De feu d'acier de sang
    Et celui qui te serrait dans ses bras
    Amoureusement
    Est-il mort disparu ou bien encore vivant
    Oh Barbara
    Il pleut sans cesse sur Brest
    Comme il pleuvait avant
    Mais ce n'est plus pareil et tout est abimé
    C'est une pluie de deuil terrible et désolée
    Ce n'est même plus l'orage
    De fer d'acier de sang
    Tout simplement des nuages
    Qui crèvent comme des chiens
    Des chiens qui disparaissent
    Au fil de l'eau sur Brest
    Et vont pourrir au loin
    Au loin très loin de Brest
    Dont il ne reste rien.  

    Jacques Prévert, Paroles



    Yves Montand en a fait une chanson, mais j'aime pas trop, e préfère la version de Serge Reggiani. Mais la version que j'entendrai toujours dans ma tête sera la voix de ma mère me le lisant quand j'étais petite... Bon, je vous donne un lien pour que vous puissiez écouter : ICI


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