• Ceci est un compte-rendu de lecture effectué pour mes cours de français, réalisé en janvier dernier. 

    Nous devions choisir un recueil de poèmes du XIXème siècle ou du XXème siècle, et : d'abord présenter l'œuvre historiquement, puis expliquer les grands thèmes qui la traversent, et détailler un thème en particulier, et enfin donner son avis (argumenté, illustré et tout).

    J'ai choisi Le temps déborde d'Eluard, qui est loin d'être un recueil connu et même très loin d'être le recueil le plus célèbre de ce poète. Mais je l'apprécie beaucoup car il est ancré dans son histoire et trèèès loin du surréalisme (Éluard étant un des plus célèbres poètes surréalistes). 

    J'ai bien galéré pour retrouver ce compte-rendu, vu que je l'avais écrit en plusieures parties dont certaines sur fiches et d'autres sur ordi… Oui, j'avais fait ça un peu à l'arrache, certes, mais j'ai bien fait fonctionné mes neurones pour ce que j'ai fait, alors ça compense.

    /! Ce compte-rendu a été rédigé intégralement par moi, merci de ne pas le copier-coller partiellement ou intégralement à des fins stupides, quelles qu'elles soient. Je le poste ici afin d'éveiller l'intérêt et d'informer les personnes qui seraient suceptibles d'être intéressées. Merci de respecter cela.

     

     

    Le temps déborde, Eluard

    Publié en 1947

    11 poèmes.

     

     

    Éléments biographiques (en rapport avec l'œuvre)

     

    Paul Éluard est un poète de la première moitié du XXème siècle. Dans les années 1920, il fait partie du groupe fondateur du surréalisme, mouvement littéraire et artistique visant à libérer l'expression dans la poésie de la logique et des valeurs de l'époque. (Pour vous donner un exemple, c'est lui-même qui a dit : « La terre est bleue comme une orange ». Il écrit ses œuvres les plus célèbres pendant cette période (exemple : Capitale de la douleur). Cependant il rompt avec les surréalistes en 1938 pour se rallier au parti communiste. Paul Eluard écrit alors des poèmes plus engagés, jusqu'à ce que la guerre éclate en 1939. Il est mobilisé pendant plusieurs mois puis s'installe à Paris avec sa femme Nusch. Pendant la Résistance, il écrit des poèmes très engagés, comme Liberté, qui sera lâché par des avions anglais en des milliers d'exemplaires au-dessus de la France. À la libération, il fait de nombreuses tournées et conférences pour parler de son expérience.

    En octobre 1946, Paul Eluard écrit les premiers poèmes du Temps déborde. Deux mois plus tard, le 28 novembre 1946, sa femme Nusch meurt brutalement d'une hémoragie cérébrale dans la rue, alors qu'il est en voyage. Cet évènement marque une réelle rupture dans la vie du poète qui a alors 51 ans. Le temps déborde traduit cette douleur de perdre la femme qu'il aimait et le prodond désespoir dans lequel il est plongé. Il publie ce recueil en 1947, sous pseudonyme, aux Cahiers d'Art, illustré de photographies de Dora Maar et Man Ray, dont certaines représentaient Nusch.

     

    Présentation de l'œuvre et des grands thèmes qui la traversent

    On sent clairement une rupture dans le recueil : avant et après la mort de Nusch. Les cinq premiers poèmes, écrits avant, sont relativement optimistes ; ils ont pour thèmes la vie et l'amour et font pour la plupart référence à Nusch. Mais ils sont tout de même empreints d'une légère mélancolie souvent présente dans les poèmes de Paul Éluard, comme pour nous dire qu'il devrait être heureux mais ne l'est pas, comme pour montrer qu'il ne peut s'empêcher d'être mélancolique. (« J'ai déniché les œufs utiles / À ma faim pour ne pas mourir / Mais au-delà j'oublie mes rêves / Au-delà je m'en veux à mort » Je vis toujours)

    Beaucoup de poèmes font référence à Nusch, comme d'une « Etoile identifiée / Et sur la terre et sous le ciel hors de mon cœur et dans mon cœur » L'Extase).

    On sent très bien dans les poèmes que la mort de Nusch est très brutale, très inattendue, car le 27 novembre 1946, la veille de sa mort, Eluard écrit encore, dans un poème intitulé En vertu de l'amour : « J'ai donné sa raison, sa forme, sa chaleur / Et son rôle immortel à celle qui m'éclaire. ».

    Le jour même de la mort de Nusch, Paul Eluard écrit ces cinq lignes qui marque clairement la rupture et la douleur de l'auteur :

     

    « Vingt-huit novembre mille neuf cent quarante-six

    Nous ne vieillirons pas ensembles.

    Voici le jour

    En trop : le temps déborde.

    Mon amour si léger prend le poids d'un supplice. »

     

    Les sept poèmes qui suivent sont l'expression de la souffrance du poète à la mort de sa compagne.

     

     

    Présentation d'un thème : la solitude.

      

    • Solitude physique

      « J'attends personne ne viendra » (Ma morte vivante

      Solitude amoureuse

      « J'ai dans mon corps vivant les ruines de l'amour » (Les limites du malheur) 

      Solitude d'un couple détruit :

      « Notre vie tu l'as faite elle est ensevelie » (Notre vie)

      

    • Une solitude due à une séparation

          « Mes yeux se sont séparés de tes yeux 

          Mes yeux se sont séparés du plaisir

          Et du sens de l'amour et du sens de la vie », Ma morte vivante


    • Une solitude qui marque une rupture

      Dans le temps : « Mais la mort a rompu l'équilibre du temps »

              Dans la vie : « Notre vie tu l'as faite elle est ensevelie »

      

    Cette Solitude amène à Paul Eluard des idées de suicide afin de rejoindre Nusch.

    « Et l'avenir mon seul espoir c'est mon tombeau »

    « Je refuse ta mort mais j'accepte la mienne »

    « J'aspire à ton néant je voudrais voir mon front »



    Avis personnel argumenté et illustré

    Bon, soyons francs. Je viens de me rendre compte que je n'ai jamais rédigé mon avis. Je m'explique : j'ai fait tout ce que vous voyez ci-dessus un certain jour, jusqu'à apprendre le lendemain que le cour où nous serions évalués était précisement le cours que je ratais étant donné que je m'étais inscrite à une conférence sur la série L — je ne sais même pas pourquoi je m'y suis inscrite, j'ai jamais voulu faire L. C'était probablement pour me dire que je saurais en connaissance de cause que je ne veux pas choisir cette série. D'ailleurs, au final j'y suis même pas allée parce que je suis tombée malade ce jour-là …

    Bon, c'est pas grave, je vais improviser ^^

    Tout d'abord, j'ai choisi de présenter ce recueil parce que je le connaissais et l'avais en partie lu. En fait, en troisième, j'étais tombée sur le poème  Ma morte vivante et je l'avais trouvé juste sublime. Je m'étais donc renseignée un peu et on m'offrit un recueil des recueils d'Eluard (si si ). 

    Petite info : je n'aime pas du tout le surréalisme. Même après avoir rompu avec le mouvement, on voit encore beaucoup d'inspirations surréalistes dans les œuvres d'Eluard. Dans le début même du Temps déborde, on peut en retrouver des bribes. Mais à la mort de Nusch, je suppose qu'il était si bouleversé qu'il ne pensa même plus aux procédés surréalistes, et voulu juste exprimer ses sentiments, le plus simplement et justement possible. Et c'est ce qui est magnifique dans ce recueil. Eluard décrit sa souffrance avec une telle justesse et une telle beauté que c'est bouleversant pour le lecteur. Le summum, selon moi, c'est vraiment Ma morte vivante. C'est pourquoi je conseille d'au moins lire ce poème. À ceux qui n'apprécient pas trop la poésie, je conseille ce recueil, car il n'y a pas besoin d'être un expert dans le genre ni même d'être un poète pour apprécier et ressentir cette souffrance si justement dite.

    (Pour la petite histoire : quelques années après ce recueil, Paul Eluard rencontre une femme, Dominique ; son recueil Le Phœnix marque et exprime son "retour à la vie" après des années de souffrance. Il est lui aussi très beau, et merveilleusement optimiste =)

     
    Avis de Katsuko

    Je me permets de rajouter mon avisà la fiche d'Eldalis parce que j'aime beaucoup les poèmes de Paul Eluard, particulièrement ce recueil (même si moi j'aime le surréalisme) . Je ne dirais pas grand chose, car ce sont des poèmes vraiment touchants. Je trouve ces poèmes emplis d'un lyrisme véritablement poignant, qui témoigne de l'état du poète après la mort de sa femme  . C'est son monde qui s'est écroulé, sa vie. En cours, nous avons lu Ma Morte vivante et je le connaissais déjà, j'étais ravie. On ne l'a pas étudié car la prof a décrété qu'on ne pouvait pas détruire un poème comme celui-ci en disant "Tiens là y a "chagrin" à la césure ça montre qu'il est triste", que c'était un manque de repect terrible. J'étais parfaitement d'accord. Mais j'ai été choqué de me rendre compte que beaucoup de personnes de ma classe n'aimaient ce poème, justement à cause de ces sentiments si présents, si justement décrits. Alors je ne conseillerai pas ce recueil à tout le monde, car même si Eldalis a raison en disant qu'il n'y a pas besoin d'être un expert pour comprendre, je pense que si vous savez que vous n'aimez pas les "poèmes à sentiments", ne lisez pas ceux-ci. Il y a bien assez de style de poèmes différents pour que vous en trouviez un que vous aimez particulièrement.

     

    Le temps déborde, Paul Éluard



                  Ma morte vivante

    Dans mon chagrin, rien n'est en mouvement

    J'attends, personne ne viendra

    Ni de jour, ni de nuit

    Ni jamais plus de ce qui fut moi-même


    Mes yeux se sont séparés de tes yeux

    Ils perdent leur confiance, ils perdent leur lumière

    Ma bouche s'est séparée de ta bouche

    Ma bouche s'est séparée du plaisir

    Et du sens de l'amour, et du sens de la vie

    Mes mains se sont séparées de tes mains

    Mes mains laissent tout échapper

    Mes pieds se sont séparés de tes pieds

    Ils n'avanceront plus, il n'y a plus de route

    Ils ne connaîtront plus mon poids, ni le repos


    Il m'est donné de voir ma vie finir

    Avec la tienne

    Ma vie en ton pouvoir

    Que j'ai crue infinie

    Et l'avenir mon seul espoir c'est mon tombeau

    Pareil au tien cerné d'un monde indifférent

    J'étais si près de toi que j'ai froid près des autres.


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