• Extrêmement fort & incroyablement près

    D'après Extremely Loud and Incredibly Close, le roman de Jonathan Safran Foer.

     

    Film réalisé par Stephen Daldry. Avec Tom Hanks, Sandra Bullock et Thomas Horn.

    Sorti en février 2012. Environ 2h08min

     

    Résumé 

    11 septembre 2001, New York : les attentats du World Trade Center. Thomas Schell meurt durant cette journée, comme de nombreuses autres personnes. Mais pour Oskar, son fils, la perte est immense. Ce petit garçon à l'imagination débordante avait alors 10 ans et adorait son père. Un an après, Oskar ose retourner dans le dressing de son père. Il découvre alors par hasard une clef. Qu'ouvre-t-elle ? Pour ne pas perdre le souvenir de son père qui lui manque horriblement, il décide de trouver la serrure qui correspond à cette mystérieuse clef. Une nouvelle énigme, comme il en résolvait avec son père auparavant, qui va l'amener à parcourir la ville et à dépasser ses peurs dans la jungle de New York. Mais il va également faire de nombreuses et touchantes rencontres et apprendre à vivre sans son père. Et tellement plus.

     

    Avis 

    On connait tous les attentats du 11 septembre. Mais l'horreur ressentie par toutes ces familles détruites, on n'y a pas forcément vraiment réfléchi, et ce film en offre un témoignage poignant. Mais ce n'est pas un film historique, plutôt un hommage. La famille d'Oskar représente une famille unie, et la destruction des liens entre ses membres est vraiment émouvante. Entre Oskar et son père, bien entendu, mais aussi entre Oskar et sa mère. C'est une chose qui m'a beaucoup touchée, parce qu'elle semble vraiment loin de son fils alors que finalement, ils s'aiment beaucoup. Je crois que c'est ça qu'on ne s'imagine pas forcément, cette destruction "interne". De plus, l'intrigue est vraiment bien menée. On est pris par la quête du petit garçon à presque chaque instant. Que va-t-il se passer ensuite ? Quelle est l'histoire de ce monsieur ? Comment va-t-il réagir en apprenant ça ? Mais qu'y-a-t-il de si terrible dans ces messages de répondeur ? Autant de questions qui font que l'on passe moitié du film à avoir un besoin irrépressible de savoir la suite. L'autre moitié se passant la gorge serrée par l'émotion, et parfois les larmes aux yeux...

    Ce film, je savais qu'il fallait que je le vois, avant même de savoir de quoi ça parlait, avant même d'avoir vu la bande-annonce ou lu le résumé... Juste grâce au titre (avouez, il en jette non ? XD) et à l'affiche vu deux secondes en passant dans un cinéma (en plus j'ai cru qu'il y avait Julia roberts [que j'aime beaucoup] parce que sur l'affiche que j'ai vu Sandra Bullock lui ressemble... x)).

    Je n'ai pas été déçue. C'est vraiment un très beau film, très émouvant, très touchant et qui rend un bel hommage aux victimes des attentats du 11 septembre. Très bien réalisé de surcroît. Il ne reste plus qu'à lire le livre original ;)


    Bon, je vous mets quand même la bande-annonce qui donne déjà le ton du film :D (Et qui mine de rien montre des moments de la fin du film, et nous laisse encore plein de choses à découvrir *-*)

     


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  • Katsuko
    - Ce que disent les nuages, Lorris Murail
    - Les Lames du Cardinal, Pierre Pevel
    - Roméo et Juliette, Shakespeare

    - La Princesse de Clèves, Mme de Lafayette
    - Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand
    - L'Alchimiste des Ombres, tome 2 des Lames du Cardinal, Pierre Pevel (EN COURS)

     

    Eldalis
    · Le Spleen de Paris, Baudelaire
    - Hex Hall, Rachel Hawkins
    · Entretien avec la maréchale de ***, Diderot
    · La Peau de chagrin, Balzac

    · lecture obligatoire d'été 

     

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  • Ayant fini le tome 18 récemment, il fallait absolument que je vous parle de Fushigi Yugi ici.

     

     

    Fushigi Yugi, Yuu Watase

     

     

    Résumé

     

    Miaka a quinze ans. Soumise au stress des examens - car sa mère souhaiterait la voir entrer au prestigieux lycée Jônan, elle étudit sans relâche. Un jour, elle se rend à la bibliothèque avec son amie Yui, et trouve un vieux livre qui porte le nom des "Ecrits des Quatre Dieux du Ciel et de la Terre". Miaka et Yui se retrouvent aspirées dans le monde du livre, au pays du Konan, où elles sont sauvées par un jeune homme appelé Tamahomé. Puis elles retournent dans le monde réel, et s'éloignent du livre.

    Mais Miaka, qui ne peut plus supporter la pression de sa mère, décide de retourner dans le monde des Ecrits où elle est accueillie comme la Prêtresse de Suzaku, dieu protecteur du Konan. Son rôle est de retrouver sept personnes  surnommées "étoiles de Suzaku", dont Tamahomé fait partie, afin d'invoquer le dieu protecteur pour qu'il exauce trois de ses souhaits.

    Miaka accepte, espérant demander à Suzaku de la faire réussir ses examens. Mais Yui, qui retourne également dans le monde du livre, est désignée comme la Prêtresse de Seïryu, dieu protecteur du pays du Kuto - pays ennemi du Konan. Les deux amies doivent s'affronter, et trouver le plus rapidement possible les étoiles, afin d'invoquer les dieux protecteur ...



    Auteur : Yuu Watase

    Publication : 1992 -1996

    Volumes :  les 13 premiers tomes racontent l'histoire "originale",

    les tomes 14 à 18 sont une sorte de suite, une sorte de "que sont-ils devenus" x)

    Un anime est sorti, mais je ne l'ai pas vu.

    Genre : Shôjô, où se mélangent drame, romance, action et fantasy. Magistral.


     

    Fushigi Yugi, Yuu Watase

     


    Mon avis


     

    Fushigi Yugi est de loin le meilleur shôjô que j'ai lu.

    Malheureusement, il commence à être vieux, et peu de gens essayent maintenant de le lire. Mais quel gâchis. Quand on sait le niveau lamentable des shôjôs qui voient le jour aujourd'hui ...



    Fushigi Yugi est juste génialissime. C'est certainement lié au fait que Yuu Watase n'aime pas tant que ça le shôjô. Dans ses commentaires, elle disait notamment se « forcer à dessiner un peu plus shôjô » que ce qu'elle ferait naturellement. Mais l'histoire, par moment, se rapproche du shônen, et c'est ce qui la rend véritablement unique en son genre. C'est le seul shôjô que je connaisse à évoluer dans un univers fantasy, inspiré qui plus est de la Chine antique. En plus de cela, Yuu Watase ne néglige aucun détail de l'univers qu'elle a créé, tout est précisement construit et maîtrisé. Je pense que c'est aussi une des premières auteures à avoir fait autant de recherches, car l'histoire des Ecrits est inspirée de véritables légendes, et l'univers des Ecrits se veut ressemblant le plus possible à la Chine ancienne. Mais Fushigi Yugi, c'est aussi des personnages peu ordinaires dans les mangas qui sont vraiment recherchés et ne tombent pas dans la facilité, tout en restant terriblement attachants.



    Ce qui est incroyable dans ce manga, c'est qu'on peut vraiment lire entre les lignes et comprendre que l'histoire est bien plus profonde qu'elle ne le parait. En lisant les premiers tomes, je n'en étais pas sûre, mais cette impression s'est confirmée par la suite : l'histoire du manga évolue en même temps que son héroïne, Miaka. Je m'explique.

    Miaka, au début du manga, est parfaitement naïve, candide et ne pense qu'à ses examens. L'histoire, au début, est légère et comique. Seulement, dans le monde du livre, elle va vivre des choses vraiment difficiles, prendre des coups, et ces « coups », qui la font mûrir et réfléchir, font prendre au manga une certaine maturité. C'est comme si l'histoire était montrée du point de vue de Miaka, et qu'au fur et à mesure qu'elle grandit, l'histoire est montrée d'une autre manière, plus complexe, moins drôle, plus tragique...

    Ce ne sont vraiment pas des blagues. On peut vraiment lire entre les lignes des choses complexes. La symbolique du livre, par exemple, est très forte : Miaka cherche à s'évader d'une réalité trop oppressante, et c'est dans le monde des Ecrits qu'elle réussit cela, comme on lit un livre pour s'évader, livre qui parfois nous ouvre véritablement à un autre « monde » ... Elle devient en quelque sorte l'héroïne du livre, comme on s'identifie parfois aux héros. Il y a plein de choses comme cela à comprendre dans Fushigi Yugi, et on pourrait passer longtemps à disserter dessus.



    Mais même en dehors de ce côté profond et complexe de l'histoire, l'histoire de Fushigi Yugi est prenante, entraînante et à l'humour excellent. Mention spéciale à la traduction française, qui a très bien adapté les blagues et les situations, si bien qu'on croirait vraiment que c'est écrit par des français. On rit vraiment dans ce manga, et souvent les situations comiques sont bousculées par des éléments tragiques, parfois violemment, lié au fait comme je l'ai dit que l'histoire est vue de l'oeil de Miaka, un peu trop naïve.



    En ce qui concerne mon avis strictement personnel, l'univers des Ecrits m'a beaucoup plu, ainsi que les personnages, « méchants » comme « gentils » (cela dit cette frontière devient de plus en plus mince à la fin de l'histoire, ce qui fait méditer). A partir du tome 7 ou 8 (j'ai oublié), l'histoire prend un ENORME coup en maturité, et à partir de ce moment-là, je n'ai pas décroché jusqu'au tome 13. J'étais totalement à fond dedans. J'étais triste et heureuse avec les personnages, surtout avec Suboshi, pour qui je ne pouvais m'empêcher d'avoir de la compassion... xD C'est aussi à ce moment que Miaka évolue vraiment, devient moins naïve, l'histoire devient vraiment complexe, philosophique presque, il se passe des tas de choses qui font réfléchir. Les premiers tomes sont très bien aussi, mais sont plus comiques, un peu plus légers, c'est différent mais par forcément moins bien.



    La seule chose que j'aurais à reprocher à Fushigi Yugi, c'est sa deuxième partie (du tome 14 à 18). La véritable histoire s'arrête à tome 13, le reste est une sorte de suite mais qui n'a pas beaucoup d'intérêt, qui démarre très mal ; seuls les tomes 17 et 18 ont en fait un certain intérêt, et c'est seulement à la fin qu'on comprend le « but » de la deuxième partie ... Bref, c'est pas terrible. L'histoire aurait dû se finir au tome 13, le reste est trop différent, pas assez bien comparé à la première partie, même si on voit à la fin qu'il y avait tout de même une sorte de message. En fait, on a un peu l'impression que ce sont deux mangas différents, le deuxième étant vraiment moins réussi.



    Pour conclure, Fushigi Yugi (la première partie) est un excellent manga, un shôjô atypique, très complexe, profond, aux personnages cherchés et qui mériteraient tous d'être encore plus développés. C'est un manga tantôt très drôle, tantôt tragique, tantôt romantique, tantôt grave. Je le conseille aux filles comme aux garçons, et en particulier à celles et ceux qui sont dégoûté(e)s du shôjô. C'est un manga vieux mais qui ne doit pas tomber dans l'oubli.

     

     

    Fushigi Yugi, Yuu Watase


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  • Ceci est la dernière fiche de lecture que j'ai effectuée pour mes cours de français cette année. Nous devions choisir une pièce de théâtre classique du XVIIème siècle et la présenter en différentes parties que vous voyez. Tout a été intégralement rédigé par moi, merci de ne pas utiliser mon travail à des fins stupides, pour vos propres cours par exemple. Un peu de respect svp.

    Iphigénie, Racine


     


    Iphigénie, Racine



     Éléments biographiques (en rapport avec l'œuvre)

    Jean Racine, orphelin très jeune, étudit chez les jansénites de Port-Royal.

    À l'âge de 24 ans, il est inscrit sur la liste des gratifications royales pour avoir écrit un poème sur la convalescence du Roi. C'est ce qui permet à sa première tragédie, La Thébaïde, d'être représentée par la troupe de Molière au Palais-Royal (pour combler le trou dans la programmation théâtrale due à l'interdiction de Tartuffe). Elle obtient un succès moyen.

    En 1665, lorsqu'il a 26 ans, sa pièce Alexandre le Grand obtient un succès considérable. Il enchaîne alors les tragédies, toutes jouées par la troupe de l'Hôtel de Bourgogne : Andromaque, Britannicus, Bérénice, Bajazet, Mithridate, et puis Iphigénie. C'est en 1674 ; il a alors 35 ans et est au sommet de sa gloire. Son talent n'est pas contesté, car il a obtenu les faveurs du roi. Beaucoup jalousent son succès, et à la parution d'Iphigénie, deux académitiens écrivent même une pièce rivale sur le même thème (qui sera un grand échec).

    Iphigénie obtient un très grand succès à sa parution. Voltaire dit la considérer comme le chef-d'œuvre de la scène, et dit même « O tragédie des tragédies ! Beauté de tous les temps et de tous les pays ! Malheur au barbare qui ne sent pas ton prodigieux mérite ! » en faisant référence à la pièce.

    Iphigénie marque un retour de Racine à des thèmes issus de la mythologie (après des sujets historiques comme Britannicus, Bajazet, …). Après cette pièce, il écrit trois ans plus tard Phèdre.

      

     

    Résumé

     

    La scène se déroule à Aulis, devant la tente d'Agamemnon. Le Roi des rois a réuni tous les souverains grecs ainsi que leurs armées, et s'apprête à partir assiéger Troie. Mais les dieux retiennent les vents qui devraient leur permettre de naviguer, et ils ne peuvent partir. Au travers d'un oracle, Agamemnon a appris que seul le sacrifice d'Iphigénie, sa propre fille, permettrait de libérer les vents nécéssaires à leur départ. Il la fait venir au camp d'Aulis, avec son épouse Clytemnestre, sous prétexte de la marrier à Achille. Dans cette pièce, ils s'aiment réciproquement.

    Auparavant, Achille a pris l'île de Lesbos, et fait Ériphile prisonnière. C'est une princesse ignorant l'identité de ses parents. Iphigénie l'a prise sous son aile et désire demander au devin Calchas quelles sont ses origines. Mais Ériphile aime en secret Achille, bien qu'il soit son ravisseur, et nourrit une haine jalouse envers Iphigénie.

    Les personnages, apprenant la ruse d'Agamemnon, ont des réactions et des avis très différents : Iphigénie accepte son sacrifice et considère toujours Agamemnon comme un bon père ; Clytemnestre est profondement outrée par son mari et le considère comme un assassin ; Achille ne reconnaît plus Agamemnon comme son roi et veut à tout prix qu'Iphigénie reste en vie afin de l'épouser ; Eriphile ne croit pas qu'Agamemnon soit réellement capable de tuer sa propre fille et va jusqu'à jalouser Iphigénie dans l'affection que lui porte Achille dans son malheur.

     

     

    Personnage principal

     

    Iphigénie est la fille d'Agamemnon et de Clytemnestre. Elle est donc touchée par la malédiction des Atrides : leurs destinées finissent toujours dans le meurtre et la violence. Elle respecte et affectionne énormement son père. Elle aime Achille d'un amour réciproque.

    Iphigénie se soumet au sacrifice très rapidement. Elle considère qu'Agamemnon n'a pas le choix, respecte son ordre, et continue de le considérer comme un père aimant. Elle pense que son sacrifice permettra que la guerre de Troie ait lieu ; c'est donc aussi par patriotisme qu'elle se sacrifie.

    Iphigénie considérait Eriphile comme une amie, une confidente, jusqu'à ce qu'elle apprenne ses sentiments scandaleux envers Achille. Eriphile la trahit à plusieurs reprises, par exemple en dévoilant au campement une fuite secrète qui n'aboutira pas.

    Iphigénie est avant tout une victime, qui tout au long de la pièce est persecutée, et pas seulement par son sacrifice ; par Achille et Clytemnestre, qui refusent son choix de mourir, et Eriphile que la jalousie anime.

     

     

    Avis personnel



    J'ai apprécié cette pièce de théâtre mais m'attendait à autre chose, d'après le résumé.

    Tout d'abord, dans le mythe originel, Achille n'aime pas Iphigénie. Ici, il désire l'épouser dès le début de la pièce, et ne paraît pas très crédible ; on ne sait pas d'où il la connaît, où a-t-il pu la rencontrer et rien ne fait référence à une liaison qu'ils auraient eu auparavant. De même, Iphigénie l'aime, et cette « histoire d'amour » m'a paru un peu trop facile.

    De la même façon, d'autres aspects du mythe ont été modifiés par Racine : Agamemnon, dans la pièce, n'a pas provoqué la colère de Diane qui veut le sacrifice d'Iphigénie, et semble ainsi moins coupable. Beaucoup d'éléments tendent à le déculpabiliser, comme le fait que ce soit Ulysse qui le pousse au sacrifice... Mais Agamemnon EST coupable !! Quelque chose qui m'a beaucoup marqué : après de nombreuses hésitations, c'est finalement pour une question d'HONNEUR qu'il se décide à sacrifier sa fille : 


    Acte IV, Scène VII

    AGAMEMNON (parlant d'Achille)

    Ton insolent amour, qui croit m'épouvanter,
    Vient de hâter le coup que tu veux arrêter.
    Ne délibérons plus. Bravons sa violence.
    Ma gloire intéressée emporte la balance.
    Achille é-menaçant détermine mon cœur.
    Ma pitié semblerait un effet de ma peur.


    La pièce se déroule dans le camp militaire d'Aulis, ce qui original car différent des cadres habituels, c'est à dire les palais fastueux … C'est un cadre plus austère et qui convient selon moi bien à la situation, qui n'a rien de digne et magnifique.

    J'ai trouvé la pièce assez lente durant les deux premiers actes. Ce n'est qu'à partir de la révélation de la ruse d'Agamemnon que la pièce devient intéressante, car auparavant elle se concentre surtout sur le doute d'Agamemnon et l'amour d'Achille. Et c'est à partir de là que la pièce se trouve ancrée dans l'action, et c'est quelque chose que j'ai énormement apprécié : les personnages ne se contentent pas de souffrir, ils agissent réellement, chacun à leur manière. Même Iphigénie, qui se résigne très rapidement, agit en imposant sa décision à Achille qui prépare à se battre pour la sauver :


    Acte III, scène VI

    IPHIGENIE (parlant d'Agamemnon)
    Cet Ennemi barbare, injuste, sanguinaire,
    Songez, quoi qu'il ait fait, songez qu'il est mon Père.
    ACHILLE
    Lui votre Père ? Après son horrible dessein
    Je ne le connais plus que pour votre assassin.
    IPHIGENIE
    C'est mon Père, Seigneur, je vous le dis encore.
    Mais un Père que j'aime, un Père que j'adore,
    Qui me chérit lui-même, et dont jusqu'à ce jour
    Je n'ai jamais reçu que des marques d'amour.
    Mon cœur dans ce respect élevé dès l'enfance,
    Ne peut que s'affliger de tout ce qui l'offense.



    Eriphile ne souffre pas de son amour odieux en silence ; la jalousie la fait détester Iphigénie qui pourtant lui voulait du bien.


    Acte IV, Scène I

    ERIPHILE (parlant d'Iphigénie)

    Et tu la plains, Doris ? Par combien de malheurs
    Ne lui voudrais-je point disputer de tels pleurs ?
    Quand je devrai comme elle expirer dans une heure ...
    Mais que dis-je, expirer ? Ne crois pas qu'elle meure.
    Dans un lâche sommeil crois-tu qu'enseveli
    Achille aura pour elle impunément pâli ?
    Achille à son malheur saura bien mettre obstacle.
    Tu verras que les Dieux n'ont dicté cet Oracle
    Que pour croître à la fois sa gloire et son tourment,
    Et la rendre plus belle aux yeux de son Amant.


    Elle la déteste et veut se débarasser d'elle. C'est ce qu'elle tentera par la suite en dénonçant sa fuite.



    De même, Clytemnestre, qui n'arrive pas à croire à l'horreur de la décision de son mari, s'oppose à lui, l'insulte et veut protéger sa fille ; elle ne se laisse pas du tout faire :

    Acte IV, Scène IV

    CLYTEMNESTRE à Agamemnon

    Oui, vous êtes le sang d'Atrée et de Thyeste.
    Bourreau de votre Fille, il ne vous reste enfin
    Que d'en faire à sa Mère un horrible festin.
    Barbare ! C'est donc là cet heureux sacrifice
    Que vos soins préparaient avec tant d'artifice.
    Quoi ! l'horreur de souscrire à cet ordre inhumain
    N'a pas en le traçant arrêté votre main ?
    Pourquoi feindre à nos yeux une fausse tristesse ?
    Pensez-vous par des pleurs prouver votre tendresse ?
    Où sont-ils ces combats que vous avez rendus ?
    Quels flots de sang pour elle avez-vous répandus ?
    Quel débris parle ici de votre résistance ?
    Quel champ couvert de morts me condamne au silence ?

    [Là il faut vraiment imaginer Clytemnestre le dire, le crier. Elle ne se laisse vraiment pas faire]


    Ainsi, contrairement à beaucoup de tragédies, il y a réellement de l'action et on ne s'ennuit pas en lisant la pièce.

    La fin du mythe a été également modifiée par Racine : dans la mythologie, juste avant qu'Iphigénie meurt dans son sacrifice, la déesse Diane la remplace par une biche. Rien de tout cela dans la pièce : c'est finalement Eriphile qui meurt, car on apprend qu'elle est fille cachée de Thésée et Hélène, et que son véritable nom est Iphigénie ; c'est en réalité elle que Diane voulait sacrifier.

    J'ai trouvé cette fin terriblement optimiste pour une tragédie. On était poussé à ne pas apprécier Eriphile à cause de sa trahison et du mal qu'elle fait à Iphigénie, et c'est finalement elle qu'on pourrait qualifier de « méchante » qui meurt. Achille et Iphigénie peuvent se marier, Clytemnestre est soulagée, Agamemnon réabilité … C'est peu crédible, aussi par rapport à ce qui se déroule dans la mythologie : Achille meurt au combat, Clytemnestre tue Agamemnon, Iphigénie devient prêtresse en Tauride …

    J'ai donc apprécié la pièce, malgré quelques détails, surtout pour son action qui combat réellement la fatalité. Je pense qu'Iphigénie rendrait très bien mise en scène, ce qui permettrait nottament de rendre plus évidente cette action et les différences entre les personnages. C'est une pièce finalement très énergique, pour une tragédie.


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