• Ceci est la dernière fiche de lecture que j'ai effectuée pour mes cours de français cette année. Nous devions choisir une pièce de théâtre classique du XVIIème siècle et la présenter en différentes parties que vous voyez. Tout a été intégralement rédigé par moi, merci de ne pas utiliser mon travail à des fins stupides, pour vos propres cours par exemple. Un peu de respect svp.

    Iphigénie, Racine


     


    Iphigénie, Racine



     Éléments biographiques (en rapport avec l'œuvre)

    Jean Racine, orphelin très jeune, étudit chez les jansénites de Port-Royal.

    À l'âge de 24 ans, il est inscrit sur la liste des gratifications royales pour avoir écrit un poème sur la convalescence du Roi. C'est ce qui permet à sa première tragédie, La Thébaïde, d'être représentée par la troupe de Molière au Palais-Royal (pour combler le trou dans la programmation théâtrale due à l'interdiction de Tartuffe). Elle obtient un succès moyen.

    En 1665, lorsqu'il a 26 ans, sa pièce Alexandre le Grand obtient un succès considérable. Il enchaîne alors les tragédies, toutes jouées par la troupe de l'Hôtel de Bourgogne : Andromaque, Britannicus, Bérénice, Bajazet, Mithridate, et puis Iphigénie. C'est en 1674 ; il a alors 35 ans et est au sommet de sa gloire. Son talent n'est pas contesté, car il a obtenu les faveurs du roi. Beaucoup jalousent son succès, et à la parution d'Iphigénie, deux académitiens écrivent même une pièce rivale sur le même thème (qui sera un grand échec).

    Iphigénie obtient un très grand succès à sa parution. Voltaire dit la considérer comme le chef-d'œuvre de la scène, et dit même « O tragédie des tragédies ! Beauté de tous les temps et de tous les pays ! Malheur au barbare qui ne sent pas ton prodigieux mérite ! » en faisant référence à la pièce.

    Iphigénie marque un retour de Racine à des thèmes issus de la mythologie (après des sujets historiques comme Britannicus, Bajazet, …). Après cette pièce, il écrit trois ans plus tard Phèdre.

      

     

    Résumé

     

    La scène se déroule à Aulis, devant la tente d'Agamemnon. Le Roi des rois a réuni tous les souverains grecs ainsi que leurs armées, et s'apprête à partir assiéger Troie. Mais les dieux retiennent les vents qui devraient leur permettre de naviguer, et ils ne peuvent partir. Au travers d'un oracle, Agamemnon a appris que seul le sacrifice d'Iphigénie, sa propre fille, permettrait de libérer les vents nécéssaires à leur départ. Il la fait venir au camp d'Aulis, avec son épouse Clytemnestre, sous prétexte de la marrier à Achille. Dans cette pièce, ils s'aiment réciproquement.

    Auparavant, Achille a pris l'île de Lesbos, et fait Ériphile prisonnière. C'est une princesse ignorant l'identité de ses parents. Iphigénie l'a prise sous son aile et désire demander au devin Calchas quelles sont ses origines. Mais Ériphile aime en secret Achille, bien qu'il soit son ravisseur, et nourrit une haine jalouse envers Iphigénie.

    Les personnages, apprenant la ruse d'Agamemnon, ont des réactions et des avis très différents : Iphigénie accepte son sacrifice et considère toujours Agamemnon comme un bon père ; Clytemnestre est profondement outrée par son mari et le considère comme un assassin ; Achille ne reconnaît plus Agamemnon comme son roi et veut à tout prix qu'Iphigénie reste en vie afin de l'épouser ; Eriphile ne croit pas qu'Agamemnon soit réellement capable de tuer sa propre fille et va jusqu'à jalouser Iphigénie dans l'affection que lui porte Achille dans son malheur.

     

     

    Personnage principal

     

    Iphigénie est la fille d'Agamemnon et de Clytemnestre. Elle est donc touchée par la malédiction des Atrides : leurs destinées finissent toujours dans le meurtre et la violence. Elle respecte et affectionne énormement son père. Elle aime Achille d'un amour réciproque.

    Iphigénie se soumet au sacrifice très rapidement. Elle considère qu'Agamemnon n'a pas le choix, respecte son ordre, et continue de le considérer comme un père aimant. Elle pense que son sacrifice permettra que la guerre de Troie ait lieu ; c'est donc aussi par patriotisme qu'elle se sacrifie.

    Iphigénie considérait Eriphile comme une amie, une confidente, jusqu'à ce qu'elle apprenne ses sentiments scandaleux envers Achille. Eriphile la trahit à plusieurs reprises, par exemple en dévoilant au campement une fuite secrète qui n'aboutira pas.

    Iphigénie est avant tout une victime, qui tout au long de la pièce est persecutée, et pas seulement par son sacrifice ; par Achille et Clytemnestre, qui refusent son choix de mourir, et Eriphile que la jalousie anime.

     

     

    Avis personnel



    J'ai apprécié cette pièce de théâtre mais m'attendait à autre chose, d'après le résumé.

    Tout d'abord, dans le mythe originel, Achille n'aime pas Iphigénie. Ici, il désire l'épouser dès le début de la pièce, et ne paraît pas très crédible ; on ne sait pas d'où il la connaît, où a-t-il pu la rencontrer et rien ne fait référence à une liaison qu'ils auraient eu auparavant. De même, Iphigénie l'aime, et cette « histoire d'amour » m'a paru un peu trop facile.

    De la même façon, d'autres aspects du mythe ont été modifiés par Racine : Agamemnon, dans la pièce, n'a pas provoqué la colère de Diane qui veut le sacrifice d'Iphigénie, et semble ainsi moins coupable. Beaucoup d'éléments tendent à le déculpabiliser, comme le fait que ce soit Ulysse qui le pousse au sacrifice... Mais Agamemnon EST coupable !! Quelque chose qui m'a beaucoup marqué : après de nombreuses hésitations, c'est finalement pour une question d'HONNEUR qu'il se décide à sacrifier sa fille : 


    Acte IV, Scène VII

    AGAMEMNON (parlant d'Achille)

    Ton insolent amour, qui croit m'épouvanter,
    Vient de hâter le coup que tu veux arrêter.
    Ne délibérons plus. Bravons sa violence.
    Ma gloire intéressée emporte la balance.
    Achille é-menaçant détermine mon cœur.
    Ma pitié semblerait un effet de ma peur.


    La pièce se déroule dans le camp militaire d'Aulis, ce qui original car différent des cadres habituels, c'est à dire les palais fastueux … C'est un cadre plus austère et qui convient selon moi bien à la situation, qui n'a rien de digne et magnifique.

    J'ai trouvé la pièce assez lente durant les deux premiers actes. Ce n'est qu'à partir de la révélation de la ruse d'Agamemnon que la pièce devient intéressante, car auparavant elle se concentre surtout sur le doute d'Agamemnon et l'amour d'Achille. Et c'est à partir de là que la pièce se trouve ancrée dans l'action, et c'est quelque chose que j'ai énormement apprécié : les personnages ne se contentent pas de souffrir, ils agissent réellement, chacun à leur manière. Même Iphigénie, qui se résigne très rapidement, agit en imposant sa décision à Achille qui prépare à se battre pour la sauver :


    Acte III, scène VI

    IPHIGENIE (parlant d'Agamemnon)
    Cet Ennemi barbare, injuste, sanguinaire,
    Songez, quoi qu'il ait fait, songez qu'il est mon Père.
    ACHILLE
    Lui votre Père ? Après son horrible dessein
    Je ne le connais plus que pour votre assassin.
    IPHIGENIE
    C'est mon Père, Seigneur, je vous le dis encore.
    Mais un Père que j'aime, un Père que j'adore,
    Qui me chérit lui-même, et dont jusqu'à ce jour
    Je n'ai jamais reçu que des marques d'amour.
    Mon cœur dans ce respect élevé dès l'enfance,
    Ne peut que s'affliger de tout ce qui l'offense.



    Eriphile ne souffre pas de son amour odieux en silence ; la jalousie la fait détester Iphigénie qui pourtant lui voulait du bien.


    Acte IV, Scène I

    ERIPHILE (parlant d'Iphigénie)

    Et tu la plains, Doris ? Par combien de malheurs
    Ne lui voudrais-je point disputer de tels pleurs ?
    Quand je devrai comme elle expirer dans une heure ...
    Mais que dis-je, expirer ? Ne crois pas qu'elle meure.
    Dans un lâche sommeil crois-tu qu'enseveli
    Achille aura pour elle impunément pâli ?
    Achille à son malheur saura bien mettre obstacle.
    Tu verras que les Dieux n'ont dicté cet Oracle
    Que pour croître à la fois sa gloire et son tourment,
    Et la rendre plus belle aux yeux de son Amant.


    Elle la déteste et veut se débarasser d'elle. C'est ce qu'elle tentera par la suite en dénonçant sa fuite.



    De même, Clytemnestre, qui n'arrive pas à croire à l'horreur de la décision de son mari, s'oppose à lui, l'insulte et veut protéger sa fille ; elle ne se laisse pas du tout faire :

    Acte IV, Scène IV

    CLYTEMNESTRE à Agamemnon

    Oui, vous êtes le sang d'Atrée et de Thyeste.
    Bourreau de votre Fille, il ne vous reste enfin
    Que d'en faire à sa Mère un horrible festin.
    Barbare ! C'est donc là cet heureux sacrifice
    Que vos soins préparaient avec tant d'artifice.
    Quoi ! l'horreur de souscrire à cet ordre inhumain
    N'a pas en le traçant arrêté votre main ?
    Pourquoi feindre à nos yeux une fausse tristesse ?
    Pensez-vous par des pleurs prouver votre tendresse ?
    Où sont-ils ces combats que vous avez rendus ?
    Quels flots de sang pour elle avez-vous répandus ?
    Quel débris parle ici de votre résistance ?
    Quel champ couvert de morts me condamne au silence ?

    [Là il faut vraiment imaginer Clytemnestre le dire, le crier. Elle ne se laisse vraiment pas faire]


    Ainsi, contrairement à beaucoup de tragédies, il y a réellement de l'action et on ne s'ennuit pas en lisant la pièce.

    La fin du mythe a été également modifiée par Racine : dans la mythologie, juste avant qu'Iphigénie meurt dans son sacrifice, la déesse Diane la remplace par une biche. Rien de tout cela dans la pièce : c'est finalement Eriphile qui meurt, car on apprend qu'elle est fille cachée de Thésée et Hélène, et que son véritable nom est Iphigénie ; c'est en réalité elle que Diane voulait sacrifier.

    J'ai trouvé cette fin terriblement optimiste pour une tragédie. On était poussé à ne pas apprécier Eriphile à cause de sa trahison et du mal qu'elle fait à Iphigénie, et c'est finalement elle qu'on pourrait qualifier de « méchante » qui meurt. Achille et Iphigénie peuvent se marier, Clytemnestre est soulagée, Agamemnon réabilité … C'est peu crédible, aussi par rapport à ce qui se déroule dans la mythologie : Achille meurt au combat, Clytemnestre tue Agamemnon, Iphigénie devient prêtresse en Tauride …

    J'ai donc apprécié la pièce, malgré quelques détails, surtout pour son action qui combat réellement la fatalité. Je pense qu'Iphigénie rendrait très bien mise en scène, ce qui permettrait nottament de rendre plus évidente cette action et les différences entre les personnages. C'est une pièce finalement très énergique, pour une tragédie.


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